Accoucher chez soi

Je me rappelle en salle des maîtres, une discussion entre deux collègues enceintes. Je n’étais pas enceinte à l’époque mais Manon était déjà née. Bref, les collègues discutent de la durée de l’accouchement, de leurs angoisses de partir à temps à la maternité… Bref, l’une commence à dire qu’il paraît qu’il faut rester au maximum chez soi avant de partir. Et l’autre rétorque : “ça va pas non ? J’vais pas accoucher chez moi, non plus, jsuis plus au temps de ma grand-mère !!!” Je crois que j’ai du simplement glisser un “moi, ça me tenterait” sans approfondir…
Cette fois, je vais approfondir un peu ! Mais je ferai sûrement d’autres articles sur le sujet car j’ai trop de choses à dire.

Aujourd’hui, je vais vous parler des travaux de Michel Odent, grand obstétricien français qui a dirigé la maternité de Pithiviers plusieurs années, et qui s’est ensuite installé en Grande-Bretagne pour y accompagner des accouchements à domicile. Voici selon lui les besoins d’une femme qui accouche :

@ se sentir en sécurité.
En effet, si la femme se sent en danger, elle sécrète de l’adrénaline. Or l’adrénaline bloque la production d’ocytonine (l’hormone responsable des contractions). Du coup, il devient nécessaire de lui en apporter via une perfusion…
Aux Pays-Bas, il est illégal pour un médecin de déclarer à une femme que c’est dangereux d’accoucher à la maison car c’est faux (on se demande pourquoi ce n’est pas illégal en France !! En tout cas, c’est courant…) Les recherches prouvent que le niveau de sécurité est le même à la maison et à l’hôpital. Les résultats de ces recherches sont sur le site de l’OMS.
Certaines femmes se sentiront plus en sécurité à l’hôpital. Personnellement, je me sentais plus en sécurité chez moi. Beaucoup de gestes sont pratiqués en France de façon routinière mais présentent des risques de ralentissement du travail et de souffrance foetale : déclenchement, rupture de la poche des eaux, pose de perfusion d’ocytonine, postion allongée, péridurale… J’ai vécu tout ça pour la naissance de Manon et je pense que j’ai eu de la chance que ça ne finisse pas en césarienne. On a juste fini par une expulsion abdominale, geste d’une extrême violence et qui présente bien des risques lui aussi. Avec aussi en prime une épisiotomie, quelques minutes après que j’ai rappelé que je n’en voulais pas…

@ ne pas se sentir observée.
C’est seulement à cette condition que la femme parvient à mettre son néocortex au repos pour laisser le cerveau primitif travailler. C’est lui qui est responsable du flot d’hormones. Le néocortex est lui un handicap pendant l’accouchement car il apporte trop d’inhibitions. Une femme qui met son néocortex au repos peut oser se mettre dans des positions primitives, crier… Elle se laisse guider par son instinct. Pour que la naissance se déroule bien, il faut donc éviter de stimuler le néocortex en parlant à la femme, en laissant un éclairage trop violent, en multipliant les appareils d’observation, surtout ceux qui vont être bruyants comme les monitoring… Imaginez les effets sur le néocortex en milieu hospitalier lors du changement d’équipe, quand des sages-femmes ou des gynécologues (j’avais la stagiaire en prime pour mon premier accouchement) que vous n’avez jamais vus vous font des touchers vaginaux toutes les heures !
Tant que l’accouchement se passe bien, il faudrait ne pas intervenir. Les sages-femmes qui accompagnent les accouchements à domicile savent se faire toute petites quand tout se passe bien. De mon expérience, quand Francine intervenait, c’était toujours avec discrétion et douceur.
Quand le cerveau primitif prend le relais sur le néocortex, il sécrète notamment des endorphines. La douleur devient alors supportable. On profite même d’un effet “planant” entre les contractions qui permet de récupérer.

Laisser un commentaire

* Nom :

* Email :

Site Web :

Commentaire :

(Les champs marqués avec un * sont obligatoires)

* Anti-SPAM : Veuillez recopier le premier et le dernier chiffre de cette suite : 9644